Un texte de Mathieu Paquette et Gabriel Provost, paru dans Montréal Campus
Depuis le début de la pandémie, les athlètes de course à pied se tournent vers le virtuel pour rester connecté(e)s, alors que l’absence de compétition affecte leur motivation. Chez l’équipe de cross-country de l’UQAM, tous les moyens sont bons pour s’encourager, sans se rassembler.
La deuxième saison de Maude Raymond avec les Citadins de l’UQAM est bien différente de la première. Après une campagne 2019-2020 lors de laquelle elle a été nommée l’athlète féminine de l’année de l’équipe, l’étudiante au doctorat en psychologie doit dorénavant s’entraîner loin des autres membres de son équipe, sans savoir quand les compétitions reprendront.
« La course c’est un sport individuel, mais l’effet de groupe est super important », assure la coureuse. Ce printemps, lorsque l’équipe des Citadins ne pouvait pas se réunir, les entraîneurs ont mis en place des rencontres en visioconférence pour garder le contact avec leurs athlètes.
« Les rencontres sur Zoom nous permettaient de parler de nos craintes, de nos freins et d’un peu de tout », explique Maude Raymond, qui estime que ces réunions virtuelles étaient essentielles lorsque la motivation était plus difficile à trouver au début du confinement.
Puisqu’ils et elles ne peuvent se réunir en groupe fréquemment, les membres de l’équipe des Citadins gardent également contact à travers l’application Strava, qui leur donne l’occasion de suivre les performances de leurs collègues sur leur téléphone mobile. « Strava permet de rester connecté socialement dans une communauté qui se comprend, malgré le confinement », mentionne le préparateur mental pour l’équipe de cross-country et d’athlétisme de l’UQAM, Maxime Lopes. Sur ce réseau social, les utilisateurs et utilisatrices peuvent « aimer » — à l’aide des kudos — ou commenter les courses des personnes qu’ils et elles suivent. Ces interactions permettent aussi aux entraîneurs de donner des conseils à leurs coureurs et leurs coureuses, même s’ils ne peuvent pas les rencontrer. Selon Maxime Lopes, pour les athlètes, « le fait de recevoir un kudos, c’est la tape dans le dos que tu aurais eue à un entraînement. »
Pour Maude Raymond, utiliser l’application fait désormais partie de la routine d’entraînement. « C’est maintenant une habitude pour moi d’aller chaque jour sur Strava pour encourager mes partenaires », souligne la coureuse des Citadins, qui partage fréquemment les résultats de ses courses avec sa communauté. L’athlète croit que l’application a un impact positif sur sa motivation à courir quotidiennement.
« Tu sens que des gens sont derrière toi. Si je suis un peu moins motivée, les courses des autres vont me pousser à sortir faire des entraînements. »
L’importance de diversifier son entraînement
Selon le professeur au département des sciences de l’activité physique de l’UQAM Christian Duval, même si les applications de suivi des performances procurent un certain sentiment de motivation aux sportifs et sportives, elles ne pourront jamais remplacer les grandes épreuves en personne. Les coureurs et coureuses ont donc dû faire leur « deuil » lorsque les compétitions ont été annulées en septembre dernier. « On s’entraîne pour participer à des événements grandioses où il y a beaucoup de monde, et les épreuves virtuelles n’auront jamais le panache ou la beauté d’une épreuve collective », explique-t-il.
Pour aider les athlètes à se motiver, le professeur leur suggère de profiter de l’absence d’épreuves de course à pied pour diversifier leur entraînement. Selon lui, ajouter des séances de natation ou de musculation à la routine d’un coureur ou d’une coureuse lui permettra de faire des gains sur d’autres aspects de sa condition physique, qui lui seront aussi bénéfiques à la course à pied. « C’est super important pour un athlète d’être complet », rappelle celui qui est lui-même marathonien et triathlonien.
Se fixer un objectif, malgré un avenir incertain
Pour Maude Raymond, si les premiers mois du confinement ont affecté sa motivation, la situation s’est améliorée au fil du temps. L’équipe de cross-country a recommencé à s’entraîner à l’extérieur — en respectant les mesures de distanciation sociale — et les athlètes s’accrochent à l’idée qu’ils et elles pourront reprendre la compétition le printemps prochain. Pour rester motivée, elle a choisi de se fixer un objectif bien précis pour les prochains mois : elle veut courir un marathon au printemps. « Ça nous garde dans un certain état d’esprit, parce que ce n’est pas toujours facile de regarder à long terme », selon elle.
Avec le soutien fourni par ses entraîneurs des Citadins, elle est confiante qu’elle saura trouver la motivation pour continuer à courir, même si les compétitions tardent à reprendre. « On est super choyés en ce qui concerne l’encadrement et la motivation. Nous avons un plan d’entraînement personnalisé chaque semaine, et je sais que j’ai un espace pour me confier. Ça permet aux gens de se sentir soutenus dans l’équipe », confie-t-elle.